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Page:Edmond Régnier - Histoire de l'abbaye des Écharlis.djvu/124

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histoire de l'abbaye des écharlis

a la couleur du fer et le goût très acide, ce qui indique qu’elle renferme du fer et du vitriol dans une proportion telle que le fer domine, en sorte qu’elle tient le milieu entre celles de Pougues et de Forges dont les unes contiennent plus de fer que de vitriol, et les autres plus de vitriol que de fer. Du reste, l’eau des Écharlis ne subit aucune influence étrangère, elle est toujours la même ; le changement de température ne l’altère pas ; les pluies d’hiver n’augmentent pas la source, et les chaleurs de l’été ne la font pas tarir : elle conserve constamment sa limpidité. Qui ne s’étonnerait maintenant que cette source ancienne et qui n’a cessé de couler, apparaisse aujourd’hui comme nouvelle, après avoir été inconnue pendant les derniers siècles, accusant ainsi nos ancêtres de négligence ou d’ignorance ! Toutefois, n’accusons pas trop nos pères, auxquels nous devons tant et de si précieuses découvertes, d’avoir ignoré ou dédaigné les vertus admirables de notre eau, car il est certain qu’elle a eu de la célébrité, et que sous le règne de François Ier, elle fut tellement en réputation qu’elle était considérée comme un port assuré contre les ravages de presque toutes les maladies.

C’est à cette époque que Jean de Langeac, évêque de Limoges et abbé des Écharlis, l’estimait tellement qu’il en emportait toujours dans ses longs voyages, ne connaissant pas de remède plus efficace aux maladies qui le tourmentaient ; ce fut lui qui fit construire sa maison abbatiale près de la fontaine pour y recevoir les grands seigneurs qui venaient exprès pour boire de son eau ; nous apprenons aussi, par un manuscrit du cabinet du très célèbre Claude Lhoste, lieutenant général du présidial de Montargis, que, par le conseil de ses médecins, le roi François Ier[1] avait fait avec succès usage de cette eau pour la guérison d’une maladie dont il était atteint.

... Ne suffit-il pas de considérer l’extérieur de la fontaine, ces pierres d’appareil si bien posées qui l’entourent, son lit établi avec tant de soin, et ce canal de pierre qui communique au ruisseau voisin ? Aurait-on pris autant de précautions et fait tant de dépenses pour une eau ordinaire ? Et, pour ne rien oublier de ce qui a rapport à cette fontaine, nous devons appeler l’attention sur l’existence de gonds scellés avec du

  1. Nous avons vu que Louis le Gros était venu prendre les eaux aux Écharlis.