la cohue, ils retirent plutôt leur appoint du matin. Dans Dieghem même, les bonnes gens se claquemurent, célèbrent la kermesse en famille par de plantureuses ripailles, et se gobergent, les pieds sous la table, des badauds ou des pieds-poudreux de la ville qui, venus dans l’intention de s’amuser, ne se nourrissent, après avoir avalé force poussière, que de charcuteries douteuses et de poissons pouacres, ne se désaltèrent qu’avec des rinçures de verres et font sauter des ribaudes couperosées ou anémiques qu’ils prennent, l’ivresse aidant, pour les roses et les lis villageois.
Puis, ils sommeilleront en gens avisés, les bons pitauds, pour se réveiller vers le soir, quand la racaille citadine aura vidé la place et terminé cette soi-disant partie champêtre, abrutis et recrus dans les musicos de banlieue, aux sons lamentables des orgues.
Lorsque ce refrain d’avril, modulé sur un rhythme
de pas redoublé, se sera perdu dans l’éloignement après
les chanteurs enroués :
Fuyons tous deux à pe-tits pa-as.
Je veux offrir à ma maîtrè… esse,
Alors seulement ils valseront, à leur tour, les gars
défiants, avec leurs jolies accordées, sous l’œil attendri
des vieux, fumant la pipe et buvant d’authentique bière.
Et tous, réjouis de vivre ces jours de kermesse, béniront
intérieurement saint Corneille leur patron.