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Page:Eekhoud - Kermesses, 1884.djvu/155

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dez-vous personne, gentille Rika ?… Croyez-vous qu’il trouve du choix à Viersel ?

— Je crois que vous vous éloignez de plus en plus de Wildonck ! dit la coquette.

En effet, ils avaient cheminé ensemble et laissé depuis longtemps le canal derrière eux.

— Mauvaise ! fit Kors un peu défrisé. Quel besoin avez-vous de me rappeler le moment de la séparation.

— De ce train, vous arriverez tout au moins demain… Mon soldat, le bonjour… Mes bêtes risqueraient de s’égarer comme vous…

L’espiègle fit mine de se jeter de côté. Cette fois, il la saisit par la taille, et la tenant enlacée, il lui répéta plusieurs fois dans le cou : « Tu es belle, Rika ! »

— Si nos Jan de Viersel vous voyaient si toqué, ils se moqueraient de vous. Il n’y a donc pas de filles à Wildonck ? Et en ville ?

— Au diable les gars de Viersel, les filles de Wildonck et les chiennes d’Anvers ! Je te disputerai à tous les cadets de ta paroisse, nondekeu ! car je te vois plus volontiers que toutes les femelles de la mienne !… Rika, si tu voulais, mon mariage serait chose arrêtée…

— Paille qui flambe ne fait pas long feu !

Il la serrait plus fort.

— Lâchez-moi, brigadier, lâchez-moi ou je crie. Assurément, la boisson parle à votre place… Il y a quelques « chapelles » depuis votre fort jusqu’ici, est-ce pas ?… Que dirait-on si on me rencontrait avec vous ?… Ah, voici à droite, un embranchement qui vous mènera sur le bon chemin… Tirez ailleurs ! Bonsoir !