Aller au contenu

Page:Eekhoud - Kermesses, 1884.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cure des médisances cornées dans le village, il ne prit peur de cette ligue de lymphatiques soupirants et d’impuissants barbons ! Ils endévaient ? Tant mieux !

Cependant ses ennemis ne s’en tenaient plus aux menaces.

S’il s’anuitait, des hommes embusqués au bord de la route se précipitaient sur lui et c’était alors un massacre dans lequel il rendait royalement les gourmades mais où, ayant affaire à forte partie, il finissait par avoir le dessous. Il rentrait alors à Babylonia, fait comme un brûleur de maisons, le bienvoulu des femmes de Doersel : les yeux pochés, les joues traversées d’éraflures, des contusions par tout le corps.

Le vieux Tybout hochait la tête en prédisant des malheurs, la mère et la sœur suppliaient leur Marcus affectionné de renoncer pour l’amour d’elles à ces sanglantes compétitions, les frères reniaient ce libertin incorrigible traînant le nom des Tybout à travers le scandale et l’esclandre. Les dégelées ne l’entamaient pas : le coffre restait bon et la chair exigeante. Ces batteries où il tenait tête à toute une bande d’assommeurs le rendaient plus intéressant que jamais aux yeux des commères.

À l’époque de sa liaison avec Genovéva Mollendraf, fille d’un considérable fermier de la Montagne-aux-Cigales, hameau de Doersel, il eut du goût pour Fine Wouts, promise au long Mil Severd, le charron, et le lui prouva si bien que Mil les surprit entre chien-et-loup dans la cour de la ferme de Wouts, entrelacés sous un appentis, trop tendrement occupés pour songer