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Page:Eekhoud - Kermesses, 1884.djvu/196

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pliantes quelques minutes auparavant et dont ses baisers furieux usaient le duvet.

Tout l’affûtage du menuisier avait été essayé sur ce corps refroidissant. Et ce qui gisait, râlant faiblement encore, ruisselant, atteint en cent endroits, contusionné, écharpé, taraudé, perforé, scié, les habits fendus depuis la nuque jusqu’aux talons, ne ressemblait plus à une forme humaine.

Aussi les massacreurs frappaient moins fort. Assez de coups mortels avaient été portés. Et ils se repaissaient de cette agonie qu’ils se bornaient à taquiner, à piquer, de peur que la mort arrivât trop tôt.

Cette fois, Marcus Tybout avait son compte.

Véva ralluma la chandelle de suif et promena la lumière sur cette dépouille, mise à nu avec je ne sais quelle préoccupation profanatrice d’hyène.

Gust, le vicieux, regarda sa sœur.

Les jumeaux se rappelèrent la suprême bravade claironnée par ce coq irrésistible.

— Si nous le chaponnions ? ricana Gust.

Lorsque se servant tour à tour du ciseau et des tricoises, Pauw, l’éternel réjoui, eut consommé la mutilation sacrilège, la belle fille ramassa ces lambeaux charcutés et les appliqua aux lèvres du moribond.

Et le dernier soupir de Marcus Tybout les caressa.