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Page:Eekhoud - Les Pittoresques, 1879.djvu/80

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La Vengeance de Phanor

 
Phanor, agonisant, Phanor put lui jeter
Un cri tendre et plaintif comme un pardon encore.
« Puis, ajoutait le mousse, on vit son œil se clore.
Il était fatigué : son rôle avait fini
Par un dernier bienfait pour qui l’avait honni. »

J’ignore si la mort de cet ami sublime,
Si le fait d’un bourreau sauvé par sa victime
Aura fait réfléchir ces honnêtes ingrats,
Pour qui chiens et chevaux vieux sont un embarras ;
Si le sort de ces bons serviteurs s’améliore :
Quant à moi, l’amitié d’un animal m’honore.
Il fut amer, mais vrai, ce philosophe ancien
Qui disait : « Le meilleur de l’homme, c’est le chien. »

Barbizon (forêt de Fontainebleau), juillet 1879.