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Page:Eekhoud - Les fusillés de Malines, 1891.pdf/142

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LES FUSILLÉS DE MALINES

lèvres. Et des voix connues se hèlent, des divers points de la place, par dessus les vagues : « Tiens bon Chiel… Courage Tistiet !… Pousse à droite, le Blanc ! Bonheyden à nous ! »

Ils ne se voyaient pas ; bientôt ils ne s’entendent plus. Les remous de cette marée humaine les projettent à une plus grande distance les uns des autres. Souvent les ramassent deux courants contraires ; au moment où les emporte une vague, survient une autre lame qui les charrie à leur point de départ.

Une perspective atroce leur glace le cœur ; celle de la défaite, de la débâcle avant même que l’ennemi ne soit entré sur la scène. Ah ! ville trompeuse, voilà bien de tes embûches !

Après un ressac plus formidable encore que les autres, la cavalerie française apparut simultanément aux angles opposés du Marché, poussant l’une contre l’autre l’avalanche que chaque escadron roule devant lui depuis les portes d’Anvers et de Louvain.

Montés sur leurs chevaux énormes, im-