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Page:Eekhoud - Les fusillés de Malines, 1891.pdf/183

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LES FUSILLÉS DE MALINES

accolade et se recueillirent, en posture de se présenter devant leur juge.

Sans s’appuyer au mur, le corps droit et fier, la tête levée, la jambe avancée pour mieux prendre son aplomb, son feutre à la main, ses abondants cheveux noirs satinés comme le pelage de la taupe lui retombant sur le front en mèches ébouriffées, son franc et droit regard arrêté sur les canons des fusils, Willem Tuytgen, le fils du bourgmestre, semblait aller au devant de la mort.

D’une voix ferme il s’écria : « Voor God en het Vaderland ! »

Les éclairs jaillirent des fusils avec un accompagnement de tonnerre grêle qui étouffa le bruit sourd des balles perforant les poitrines.

Tistiet et Tony s’étaient tenus embrassés et au moment où les soldats épaulaient, Tistiet avait essayé de protéger son ami de son corps. Mais chacun fut mortellement atteint. Pivotant sur eux-mêmes, ils glissèrent lentement le long du mur, les bras se délacèrent, ils se détournèrent l’un de l’autre ainsi que deux frères inséparables