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Page:Eekhoud - Les fusillés de Malines, 1891.pdf/24

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LES FUSILLÉS DE MALINES

fées, ces effluves insurrectionnels, de la manière dont les pionniers, attardés dans les brumes crépusculaires de l’automne, respirent la ragoûtante odeur des pommes de terre cuites au feu des sarts, ce fumet qui fait s’ouvrir machinalement les bouches et claquer gouluement la langue contre le palais.

Ils ne se parlaient pas les pitauds affriolés ! Ils piaulaient de plaisir, hennissaient comme poulains au pacage, se trémoussaient, humaient à pleins naseaux l’ozone de la tempête !

Au cours de leur rude vie de défricheur ils avaient essuyé bien des temps contraires, à commencer par les sécheresses prolongées alors que, sirocco des sablons campinois, le vent du sud-est souffle sans trêve et, sans rassembler les moindres nues dans le ciel, chasse devant lui des tourbillons de poussière. L’immuable azur de l’horizon est souvent aussi funeste aux terriens que le calme plat de l’Océan aux navigateurs. Le soleil se ligue avec l’haleine enflammée de l’espace pour dessécher