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Page:Eekhoud - Les fusillés de Malines, 1891.pdf/59

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LES FUSILLÉS DE MALINES

de rires. Il a surtout une façon à lui, absolument irrésistible de se gratter l’oreille et de pouffer en dedans, pour lui-même, en cachottier, et de tenir son public en suspens.

Aussi, rien d’étonnant que la réputation du Schalk ait dépassé les confins de son clocher. À la veille de l’annexion française et de la suppression en bloc des gildes, confréries, métiers et sociétés de toute sorte, la chambre de rhétorique La Pivoine de Malines, lui fit offrir par ambassade, la succession de son bouffon attitré. Mais, campagnard endurci, le Schalk craignit que l’air de la ville ne fît tourner son humour en nostalgie et refusa de troquer le tablier et le marteau de forgeron contre le hoqueton mi-parti et la marotte à grelots.

— Que va-t-il bien imaginer encore ?

En le voyant se dessangler, rabattre le pont-levis de ses bragues et mettre culasse au vent, on devine son intention.

Un rire égrillard secoue l’assistance affriolée et peu vergogneuse.

— Mais il n’ajustera jamais l’arbalète à hauteur de la cible ! objecte Guillot la