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Page:Eekhoud - Les fusillés de Malines, 1891.pdf/80

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LES FUSILLÉS DE MALINES

Et l’Oiseleur détala de la proverbiale vitesse de ses pieds nus et de ses jarrets nerveux.

Cependant, à cette heure même, comme pour le tenter et lui rendre son devoir pénible, des fumées de délectable augure tire-bouchonnaient au-dessus des toits, de ragoûtantes odeurs de mangeailles s’éventaient par l’entrebâillement des portes. Le brave enfant, sans déplorer le moins du monde l’ordre qui l’étrangeait des tablées fumantes, retira philosophiquement de son bissac un frugal quignon de pain noir, y mordit à belles dents, se garda même de ralentir le pas, et, la conscience victorieuse, laissa bientôt derrière lui les foyers de cocagne et de tentation. Il se rappelait la force d’âme inattendue déployée par son cher Tony et cette pensée achevait de l’agaillardir.


Les préparatifs terminés, Willem la Taupe permettait à ses hommes de godailler, de se donner du bon temps jusqu’à la nuit, et de célébrer par anticipation la délivrance promise. Ce furent, chez les