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Page:Eekhoud - Les fusillés de Malines, 1891.pdf/82

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LES FUSILLÉS DE MALINES

Quelques piffres profitaient de l’aubaine, se regoulaient avec complaisance, mais à la longue, malgré leur capacité, ils s’avouaient vaincus.

Les bazines, pour en finir, affectaient de mettre double les morceaux que les sanglots empêchaient de passer. Alors elles se moquaient de leur prétendue gloutonnerie ! Vers la fin du repas elles se rapprochèrent de leurs garçons. Que de choses à leur recommander encore !… En réalité c’était pour mieux graver l’image adorée dans leur souvenir et pouvoir se représenter, avec son timbre unique, la caresse des voix filiales.

… Mais des chansons retentissent au dehors, et, même une fanfare de bal, un crincrin de bourrée. Les grands enfants fiévreux n’écoutent que d’une oreille les puériles et touchantes exhortations, répondent machinalement, ne tiennent plus en place, pressés de rejoindre leurs compagnons et aussi leurs compagnes, là-bas, sous le tilleul, à l’ombre duquel s’improvise un bal : toujours comme au bon temps.