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Page:Eliot - Daniel Deronda vol 2&3.djvu/27

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rie de sir Hugo ne demandait pas de réponse directe, et le baronnet, sentant que la conversation languissait, s’écria :

— Maintenant nous allons aller voir le cloître ; c’est le plus beau reste de l’abbaye et le mieux conservé ; les moines pourraient s’y être promenés hier.

Mais Gwendolen était restée en arrière pour voir le chenil des chiens de chasse, et peut-être aussi parce qu’elle se sentait démoralisée. Grandcourt l’attendit.

— Vous feriez mieux de prendre mon bras, lui dit-il de sa voix basse et sur un ton de commandement ; elle obéit.

— Quel ennui, ajouta-t-il, d’être obligé de flâner dehors par un temps pareil, de cette manière, et sans cigares !

— Je croyais que cela vous plairait.

— À moi ? Un papotage éternel ! et des filles laides ! Peut-on inviter de tels monstres ! Comment ce fat de Deronda peut-il seulement les regarder ?

— Pourquoi l’appelez-vous fat ? Que lui reprochez-vous ?

— Je ne lui reproche rien. Qu’est-ce que cela me fait qu’il soit fat ? Il n’est d’aucune conséquence pour moi. Je l’inviterai même à revenir à Diplow, si vous voulez.

— Je ne crois pas qu’il vienne. Il est trop intelligent et trop instruit pour se soucier de nous, dit Gwendolen, pensant qu’il serait utile de dire (en particulier) à son mari qu’on pouvait le dédaigner.

— Je n’ai jamais vu que cela fît beaucoup de différence chez un homme. Ou il est gentilhomme, ou il ne l’est pas, répondit Grandcourt.

Que de nouveaux époux saisissent l’occasion d’avoir un moment de tête-à-tête, cela est facile à comprendre et on le permet volontiers ; les autres personnes de la société les avaient donc laissés à l’arrière, jusqu’à ce que, rentrant dans le jardin, tous s’arrêtèrent dans la cour cloîtrée où, treize ans plus tôt, nous avons vu un jeune garçon faire, au milieu