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Page:Eliot - Daniel Deronda vol 2&3.djvu/48

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Pour eux, lady Pentreath n’était qu’une vieille dame, encore droite et robuste ; quant à M. Deronda, sa figure leur était familière, et ils la considéraient amicalement ; cependant s’il avait été l’héritier, ils auraient regretté que la coupe de son visage ne fût pas aussi anglaise que celle du visage de sir Hugo.

On n’accusa pas Grandcourt, lorsqu’il parut avec lady Mallinger, de porter un cachet étranger ; mais la satisfaction ne fut pas complète. On aurait été charmé que celui qui devait avoir le bonheur d’hériter des biens des deux familles, eût plus de cheveux, un teint plus frais, un regard plus animé. Peut-être la personne la moins bien disposée pour lui, en ce moment, était-elle lady Mallinger, qui, en dansant avec lui, se disait qu’elle était le type de la femme infortunée qui n’avait su concevoir que des filles.

La galerie n’occupait que trois côtés du quadrilatère ; le troisième avait été fermé pour servir d’antichambre. Un côté était destiné pour la danse, celui en face pour le souper, et la partie intermédiaire, moins brillamment éclairée, avait été garnie de fauteuils et de sièges confortables. Assez avant dans la soirée, Gwendolen était venue se reposer dans un de ces fauteuils ; Grandcourt se tenait debout à côté d’elle. Ils ne se parlaient pas ; elle s’appuyait contre le dos de son fauteuil et lui contre le mur. Deronda, l’ayant par hasard remarquée, s’avança pour lui demander si elle ne danserait plus. Ayant bravement fait son devoir envers les dames, il pensait avoir gagné le droit de se mettre un peu de côté. Il n’avait parlé que fort peu à Gwendolen, depuis leur conversation de la veille, auprès du piano ; la présence de Grandcourt lui rendait plus facile la démonstration de son plaisir à causer avec elle, ce qui serait un signe d’amitié. Elle lui parut fort pâle ; mais un sourire éclaira son visage quand elle le vit s’approcher, et elle se redressa pour l’accueillir. Grandcourt, qui grommelait contre l’ennui de