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Page:Eliot - Daniel Deronda vol 2&3.djvu/66

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— Cela ? C’est un nommé Gascoigne. Rex Gascoigne, un bien excellent garçon. Je l’ai connu avant qu’il eût son diplôme. Il devait prendre ses grades l’année dernière, à Pâques : mais il tomba malade et dut rester à l’université une année de plus. Il faudra que je m’informe de lui ; j’ai besoin de savoir comment il va.

— La voici, je suppose, dit Deronda en montrant la tête de la Transtévérine.

— Ah ! fit Hans avec un geste de mépris ; trop grossière ! je n’étais pas encore régénéré.

Deronda se tut un moment ; il semblait embarrassé. Enfin, se tournant vers Hans :

— Meyrick, lui dit-il, mes scrupules sont peut-être excessifs, mais je me crois tenu de vous prier de renoncer à cette idée.

Hans prit une pose tragique et s’écria :

— Que je renonce à mes séries !.. à mes immortelles séries béréniciennes ?.. Réfléchissez à ce que vous me demandez… monsieur !.. Détruire, comme dit Milton, non pas une vie, mais une immortalité !.. Attendez au moins que j’aie déposé les ustensiles de mon art et que je me sois arraché les cheveux.

Deronda ne put s’empêcher de sourire et reprit :

— Peignez autant de Bérénices que vous voudrez, mais je désire que vous sentiez comme moi, — et peut-être y avez-vous déjà songé, — qu’il vous faut choisir un autre modèle.

— Pourquoi ? demanda Hans, qui devint sérieux.

— Parce qu’elle peut arriver à une position telle que son visage sera probablement reconnu. Madame Meyrick et moi, nous tenons beaucoup à ce qu’elle ait la réputation d’admirable cantatrice. Il est bon, — et c’est ce à quoi elle tend, — qu’elle puisse se rendre indépendante. Elle a pour cela les meilleures chances ; je lui ai assuré déjà une bonne introduction dans le monde, et je dois aller parler