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Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/435

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Il ne voulait rien faire d’extravagant, mais il fallait acheter les choses indispensables, et c’eût été de l’économie mal entendue que de les acheter médiocres.

Tous ces détails n’étaient pourtant que des accessoires. Lydgate prévoyait que sa science et sa profession étaient les seuls objets qu’il poursuivrait avec enthousiasme ; mais il ne se voyait pas les poursuivant dans une maison comme celle de Wrench, par exemple, avec toutes les portes ouvertes, des toiles cirées usées, les enfants en tablier sale et le lunch traînant sur la table sous forme de carcasses, de couteaux à manches noirs et de dessous de plats en jonc.

Rosemonde, de son côté, avait l’esprit occupé de conjectures que sa rapide intuition l’avertissait toujours de ne pas dévoiler trop franchement.

— Je serais si heureuse de connaître votre famille, dit-elle un jour qu’ils causaient ensemble de leur voyage de noces. Nous pourrions peut-être aller dans une direction qui nous permît de la voir en revenant. Lequel de vos oncles préférez-vous ?

— Oh ! mon oncle Godwin, je crois. C’est un bon vieux bonhomme.

— C’est chez lui, à Quallingham, que vous étiez toujours, n’est-ce pas ? Que j’aimerais à voir ces lieux et tout ce qui vous entourait autrefois. Votre oncle sait-il que vous allez vous marier ?

— Non, dit Lydgate insouciamment.

— Faites-le-lui savoir par un mot, méchant neveu irrespectueux. Il vous demandera peut-être de m’amener à Quallingham, et alors vous me promenerez par toute la propriété et je pourrai me figurer que je vous vois comme quand vous étiez enfant. Souvenez-vous que vous me voyez dans ma maison telle qu’elle a toujours été depuis mon enfance. Il ne serait pas bien que je restasse si ignorante