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Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/68

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piques pas plus que des peines judiciaires et autres choses semblables. Il ne s’intéresse qu’aux affaires ecclésiastiques. Et ces dernières ne sont pas de mon ressort, vous savez…

— Je ne le sais que trop. J’ai entendu parler de ce que vous avez fait. Qui donc a vendu un morceau du terrain aux papistes de Middlemarch ? Je jurerais que vous l’aviez acheté exprès. Vous êtes un vrai Guy-Faux et nous verrons si vous ne serez pas brulé en effigie le 5 novembre prochain. Humphrey n’a pas voulu venir se quereller avec vous ; c’est moi qui me suis chargée de la mission.

— Bon ! il fallait bien m’attendre à être persécuté, du moment que je ne persécute pas, vous savez.

— Vous voilà parti ! C’est un de ces mots à effet que vous avez préparés pour l’assemblée électorale. Voyons, ne vous laissez pas leurrer à cette assemblée, mon cher monsieur Brooke. Un homme se range dans la catégorie des fous quand il se met à haranguer les électeurs, et il n’a d’excuse que s’il appartient à la bonne cause ; dans ce cas, il peut prier Dieu de bénir son galimatias. Vous vous perdrez, je vous en avertis et tout le monde vous tombera dessus.

— C’est précisément ce que j’espère, répondit M. Brooke, ne voulant pas laisser voir combien ce tableau prophétique lui plaisait peu. C’est ce que j’espère, en homme libéral. Quant aux whigs, un homme qui se range parmi les penseurs n’a guère de chance d’être agréé par n’importe quel parti. Il peut être d’accord avec eux jusqu’à un certain point. Mais c’est ce que vous autres, femmes, ne pouvez comprendre.

— Où est-il, votre certain point ? Je voudrais bien qu’on me dise comment un homme qui n’appartient à aucun parti, qui mène une vie de Juif errant, et qui ne fait jamais