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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/101

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— Vous êtes un bel homme, Camden, quoique vous n’ayez pas la belle prestance de votre père, dit la vieille dame.

— Je voudrais vous voir épouser miss Garth, frère, ajouta miss Winnifred. Comme ce serait charmant de l’avoir au milieu de nous à Lowick !

— Charmant en vérité ! Comme si on n’avait qu’à choisir parmi les jeunes femmes attachées au poteau comme des volailles au marché, et comme si je n’avais qu’à me présenter pour être accepté de qui que ce soit, dit le vicaire ne se souciant pas de préciser.

— Nous ne voulons pas de qui que ce soit, insista miss Winnifred.

— Mais vous aimeriez mieux que ce fût miss Garth, mère, n’est-ce pas ?

— Le choix de mon fils sera le mien, dit mistress Farebrother avec une prudence majestueuse, et une épouse serait ici la très bien venue, Camden. Il faudra que vous fassiez votre whist chez vous, quand nous serons à Lowick, et Henriette Noble n’a jamais été une joueuse de whist.

Mistress Farebrother appelait toujours de ce nom magnifique sa vieille et mince petite sœur.

— Je me passerai de whist, maintenant, ma mère.

— Pourquoi cela, Camden ? De mon temps, on considérait le whist comme un passe-temps fort convenable pour un bon ecclésiastique, dit mistress Farebrother, ignorante de ce que le jeu représentait pour son fils, et parlant d’un ton un peu tranchant comme s’il s’agissait de quelque encouragement donné aux nouvelles doctrines.

— J’aurai trop à faire pour songer au whist, avec deux paroisses à administrer, dit le vicaire, préférant ne pas discuter les vertus du jeu.

Précédemment déjà, il avait dit à Dorothée :

— Je ne me crois pas tenu de renoncer à Saint-Botolph.