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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/127

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de toutes les histoires désagréables qu’il servait à Bulstrode.

— Cela commençait par L ; il n’y avait que des I, à ce qu’il me semble, continua-t-il, avec le sentiment que le nom échappé lui revenait peu à peu. Mais la façon dont il le tenait était encore trop légère, et il se fatigua bientôt de cette poursuite mentale. Il préféra employer son temps en agréables conversations avec l’intendant et la femme de charge, dont il apprit tout ce qu’il désirait savoir sur la situation de M. Bulstrode à Middlemarch.

Après tout, cependant, il vint un moment assez morne, qui réclama le secours d’un peu de pain, de fromage, et de bière, et quand il se trouva à table solitairement dans le parloir lambrissé, il frappa tout à coup sur son genou et s’écria « Ladislaw ! » L’opération de mémoire, qu’il avait essayée et abandonnée en désespoir de cause, s’était soudainement achevée d’elle-même, sans effort conscient, — expérience commune, agréable comme un éternuement bien complet, même si le nom retrouvé est sans importance. Raffles s’empressa d’inscrire le nom dans son portefeuille, non parce qu’il pensait avoir à s’en servir, mais simplement pour ne pas risquer de se trouver dans l’embarras, si jamais, par hasard, il en avait besoin. Il n’allait pas le dire à M. Bulstrode ; cette révélation ne serait d’aucun profit actuel, et pour un esprit comme celui de M. Raffles, il y a toujours une probabilité de profit à attendre d’un secret.

Il était pour le moment satisfait de son succès, et vers trois heures de l’après-dîner, il avait repris son portemanteau à la barrière et s’était embarqué dans la diligence, délivrant les yeux de M. Bulstrode, d’une affreuse tache noire dans le paysage de Stone-Court, mais ne le délivrant pas de la terreur que cette tache noire pût reparaître un jour et devenir inséparable même de la vision de son foyer.