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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/171

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celle d’une girafe, souhaitant bien au contraire d’avoir lui-même plus de rapports avec la haute taille de Fred. Il était en ce moment étendu à terre près de la chaise de sa mère, son chapeau de paille posé à plat sur ses yeux, tandis que Jim, de l’autre côte, lisait à haute voix une œuvre de cet auteur aimé qui a tenu une si grande place dans le bonheur de tant de jeunes vies. Il lisait Ivanhoé et Jim en était à la grande scène du tir à l’arc dans le tournoi ; mais la lecture subissait plus d’une interruption grâce à Ben qui, armé de son arc et lançant ses flèches au hasard, ne cessait, au grand scandale de Letty, de faire remarquer ses coups à l’assistance.

L’arrivée de Fred Vincy déplaça pour tous le centre principal de l’intérêt. Dès qu’il eut annoncé qu’il se rendait au presbytère de Lowick, Ben, qui avait déposé son arc et saisi à la place un malheureux poussin, escalada les jambes de Fred et s’écria :

— Emmenez-moi !

— Oh ! et moi aussi ! dit Letty.

— Vous ne pouvez pas marcher du même pas que Fred et moi, riposta Ben.

— Si, je le peux. Mère, dites, s’il vous plaît, que je peux aller, implora Letty.

— Moi, je resterai avec Christy, fit Jim comme pour constater sa supériorité sur ces jeunes niais ; sur quoi Letty porta la main à sa tête et les regarda l’un après l’autre avec une indécision jalouse.

— Allons tous voir Mary, dit Christy en écartant les bras.

— Non, mon cher enfant, il ne faut pas aller en bande au presbytère ; et ce vieil habit de Glasgow que vous avez là ne saurait convenir ; et puis votre père va rentrer. Il faut laisser Fred y aller seul. Il dira à Mary que vous êtes ici et elle reviendra demain.