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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/180

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— Vous êtes un ingrat, Fred, répliqua Mary. Je souhaiterais n’avoir jamais dit à M. Farebrother que je tenais à vous le moins du monde.

— Non, je ne suis pas un ingrat. Je serais l’homme le plus heureux du monde s’il n’y avait cela. J’ai tout dit à votre père et il a été très bon pour moi ; il m’a traité comme si j’étais son fils. Je pourrais me mettre au travail avec une ferme volonté pour l’écriture et tout le reste, si ce n’était cela !

— Cela ! Mais quoi ? demanda Mary, s’imaginant à la fin qu’il avait dû y avoir quelque chose de particulier de dit ou de fait.

— Cette terrible certitude que je serai roulé par M. Farebrother.

La colère de Mary se calma sous son envie de rire.

— Fred, dit-elle en tournant ses regards de côté pour rencontrer ceux du jeune homme qui restaient détournés d’elle avec bouderie, vous êtes trop délicieusement ridicule. Si vous n’étiez pas un si charmant nigaud, quelle tentation ce serait de jouer à la méchante coquette et de vous laisser croire qu’un autre que vous m’a fait la cour.

— Est-ce réellement moi que vous préférez, Mary ? dit Fred, tournant sur elle des yeux pleine d’affection et tâchant de lui prendre la main.

— Je ne vous aime pas du tout en ce moment, répliqua Mary en reculant et mettant ses mains derrière son dos. J’ai dit seulement que nul mortel ne ma jamais fait la cour, excepté vous. Et ce n’est pas un signe qu’un homme très sage me la fasse jamais, conclut-elle gaiement.

— Je voudrais être assuré que vous ne puissiez absolument jamais penser à lui.

— Ne vous hasardez plus jamais à me parler de cela, Fred, dit Mary redevenant sérieuse. Je ne sais pas si c’est stupidité ou petitesse de votre part de ne pas comprendre