Aller au contenu

Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mécomptes dans les conditions de son mariage avec un médecin, quelle que fût la bonne naissance de ce médecin. Il lui semblait maintenant que ce mariage la faisait planer d’une manière visible et non plus seulement idéale au-dessus du niveau de Middlemarch ; l’avenir, à travers un échange de lettres et de visites avec Quallingham, lui apparaissait tout brillant et rempli de vagues espérances d’avancement pour Tertius. De plus, et sans doute à la demande du capitaine, sa sœur mariée, mistress Mengan, en revenant de Londres, s’était arrêtée à Middlemarch avec sa femme de chambre et y avait passé deux jours.

Quant au capitaine Lydgate en personne, son front bas, son nez aquilin, un peu de travers, et sa prononciation embarrassée n’eussent pas été de brillants avantages pour un jeune gentilhomme, s’il n’avait présenté d’ailleurs par sa tenue militaire et sa moustache le suprême avantage « du genre », dont raffolent certaines têtes blondes comparables à des fleurs. Rosemonde jouissait de l’admiration qu’elle excitait chez ce fin connaisseur en matière de charmes féminins. Il trouvait agréable de passer plusieurs heures de la journée à lui faire sa cour. Cette visite était pour lui une petite aventure tout à fait divertissante, d’autant plus peut-être qu’il soupçonnait son étrange cousin Tertius de faire des vœux pour son départ. Tertius, qui (pour parler en hyperboles) serait plutôt mort que de manquer à la parfaite hospitalité, réprimait son antipathie et se contentait le plus souvent de ne pas entendre ce que disait le galant officier, laissant à Rosemonde le soin de lui répondre. Lydgate, n’étant pas le moins du monde un mari jaloux, aimait mieux laisser un jeune gentilhomme à cervelle d’oiseau seul avec sa femme que de lui tenir compagnie.

— Je voudrais, Tertius, vous voir causer davantage avec le capitaine, à diner, dit Rosemonde un soir que cet hôte important était allé voir des camarades, officiers en garni-