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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/209

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tendit la main à Rosemonde, toujours de l’air d’un somnambule, et sortit. Lorsqu’il fut parti, Rosemonde se leva, alla à l’autre bout de la pièce et, s’appuyant contre un chiffonnier, regarda mélancoliquement par la fenêtre. Elle était écrasée par l’ennui et par ce mécontentement qui dans l’esprit des femmes tourne sans cesse à une jalousie vulgaire, ne s’appuyant pas sur des droits réels, ne provenant pas d’une passion plus profonde que la vague exigence de l’égoïsme, et capable, pourtant, d’inspirer des actes aussi bien que des paroles.

— Il n’y a vraiment rien qui vaille la peine qu’on s’en soucie grandement, se dit la pauvre Rosemonde, songeant à la famille de Quallingham qui ne lui répondait pas, et pensant que Tertius lui réservait peut-être à son retour d’autres ennuis sur le chapitre des dépenses.

Elle lui avait déjà secrètement désobéi, en demandant à son père de les aider. Mais celui-ci avait répondu d’un ton qui ne permettait pas de réplique : « J’aurais plutôt besoin qu’on m’aidât moi-même. »



CHAPITRE VII


Quelques jours plus tard, — on était déjà à la fin d’août, — une certaine agitation régnait à Middlemarch ; le public allait être convié à acheter, sous les auspices distingués de M. Borthrop Trumbull, les meubles, livres et tableaux appartenant à Edwin Larcher Esq., dont les annonces attestaient à tous la qualité supérieure. Ce n’était pas une de ces ventes dues à de mauvaises affaires, mais tout au contraire au grand succès des entreprises de M. Larcher qui venait d’ac-