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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/253

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— Et il prépare aussi des théories de traitement pour en faire l’essai sur les malades, je suppose, dit M. Toller.

— Allons, Toller, soyez franc, dit M. Farebrother. Vous êtes trop intelligent pour ne pas voir l’avantage d’un esprit jeune et hardi en médecine comme en toute chose, et quant au choléra, j’imagine qu’aucun de nous ne sait au juste ce qu’il aurait à faire le cas échéant. Quand un homme va un peu trop loin dans une voie nouvelle, c’est généralement à lui-même plus qu’à personne qu’il fait du tort.

— Il me semble que vous devriez, vous et Wrench, lui avoir de l’obligation, reprit le docteur Minchin, car il vous a envoyé la crème des malades de Peacock.

— Lydgate a vécu sur un grand pied pour un commençant, dit M. Harry Toller, le brasseur. Je suppose que ses parents du Nord l’ont aidé.

— Je l’espère, appuya M. Chichely, sans quoi il aurait eu tort d’épouser cette charmante jeune fille dont nous raffolions tous. Que diable ! on garde une dent à l’homme qui vous enlève la plus jolie fille de la ville.

— Eh par Dieu ! Et la meilleure aussi, ajouta M. Standish.

— Mon ami Vincy n’approuvait, je le sais, qu’à moitié ce mariage, dit M. Chichely. Il n’a pas voulu faire grand’chose pour eux. Les parents du côté de Lydgate se sont-ils décidés à lâcher de leurs écus ? C’est ce que je ne saurais dire.

— Oh ! je ne trouve pas que Lydgate ait jamais eu l’air de travailler pour vivre, dit M. Toller avec une légère nuance de sarcasme et la conversation en resta là.

Ce n’était pas la première fois que des allusions avaient fait comprendre au vicaire que les dépenses de Lydgate avaient été visiblement trop fortes pour qu’il pût trouver dans sa clientèle les moyens d’y faire face ; mais il lui supposait des ressources ou des espérances de fortune, de nature à justifier ses dépenses excessives au moment de son mariage