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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/299

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— Bambridge est là-bas ; mais il est en train de se quereller. Je ne crois pas qu’il soit disposé à parler affaires. Descendez avec moi voir Farebrother. Je m’attends à recevoir de lui un bon savon, et vous me protégerez, dit Fred non sans habileté.

Lydgate ressentait une certaine honte, mais pour rien au monde il ne l’eût laissé paraître en refusant de voir M. Farebrother, et il descendit. Ils ne firent toutefois qu’échanger une poignée de main en parlant de la gelée, et quand ils se trouvèrent tous les trois dans la rue, le vicaire parut empressé de prendre congé de Lydgate. Il ne voulait évidemment que causer seul à seul avec Fred ; aussi lui dit-il doucement :

— Je vous ai dérangé, jeune homme, parce que j’avais en tête une affaire pressante vous concernant. Venez avec moi jusqu’à Saint-Botolphe, voulez-vous ?

La nuit était belle, le ciel couvert d’étoiles, et M. Farebrother proposa de faire un détour par la route de Londres pour gagner la vieille église ; et il commença :

— Je croyais que Lydgate n’allait jamais au Dragon Vert ?

— Et moi aussi, dit Fred. Mais il y était venu pour voir Bambridge, paraît-il.

— Il ne jouait pas, alors ?

Fred s’était dit qu’il n’en parlerait pas, mais il ne put se dispenser de répondre

— Si, il jouait, mais je suppose que c’était accidentel. Je ne l’y avais jamais rencontré auparavant.

— Vous y avez donc été souvent vous-même ces derniers temps ?

— Oh ! à peu près cinq ou six fois.

— Vous aviez, je trouve, de bonnes raisons de renoncer à cette habitude.

— Oui, vous savez ce qui en est, dit Fred qui n’aimait pas