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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/313

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Lydgate avait horreur de s’entendre parler ainsi. Mais enfin il avait parlé, et avec une netteté laquelle on ne pouvait se méprendre.

M. Bulstrode répliqua sans hâte, mais aussi sans hésitation :

— Je suis peiné, quoique point surpris, je l’avoue, de cette communication, monsieur Lydgate. Pour ma part, j’ai regretté votre alliance avec la famille de mon beau-frère, qui a toujours eu de fâcheuses habitudes de prodigalité et qui s’est déjà fortement endetté envers moi pour des sommes prêtées dernièrement à un moment critique. Je vous donnerais le conseil, monsieur Lydgate, au lieu de vous enfoncer dans de nouvelles obligations et de continuer une lutte incertaine, de faire simplement banqueroute.

— Cela n’améliorerait pas mes perspectives d’avenir, dit Lydgate avec amertume en se levant ; quand même ce serait une chose plus agréable en elle-même.

— C’est toujours une épreuve, dit M. Bulstrode. Mais l’épreuve est notre partage ici-bas, et c’est un correctif nécessaire. Je vous recommande de bien peser le conseil que je vous donne.

— Merci, dit Lydgate sans savoir au juste ce qu’il disait. Je ne vous ai que trop longtemps retenu. Adieu, monsieur.



CHAPITRE VI


Si les desseins de Bulstrode s’étaient modifiés, s’il s’était produit un revirement dans son intérêt pour certaines œuvres, comme l’affirma ou le laissa voir sa conversation avec Lydgate, c’est qu’il avait eu à traverser une dure épreuve depuis la vente Larcher, depuis que Raffles avait reconnu Ladislaw et que le banquier avait vainement tenté un acte de restitu-