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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/320

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À l’égard de Stone-Court, Bulstrode voulait conserver prise sur le fonds et s’arranger de façon à pouvoir, à sa convenance, retrouver dans cette exploitation son délassement favori, et Caleb lui avait conseillé de ne pas se fier à un simple intendant, mais de louer à l’année la terre et le matériel, en prélevant sur les revenus une part déterminée.

— Puis-je me fier à vous pour me trouver un tenancier à ces conditions, monsieur Garth ? demanda Bulstrode, et voulez-vous m’indiquer la somme qui devrait vous revenir annuellement pour diriger toutes ces affaires que nous avons discutées ensemble ?

— J’y penserai, reprit Caleb de sa façon brusque. Je verrai comment je pourrai en venir à bout.

S’il n’avait eu à se préoccuper de l’avenir de Fred Vincy, M. Garth n’aurait probablement pas vu de bon œil un surcroît à son travail, dont sa femme redoutait toujours l’excès pour lui à mesure qu’il avançait en âge. Mais en quittant Bulstrode après cette conversation, il lui vint, à propos du louage de Stone-Court, une idée très séduisante. Pourquoi Bulstrode ne consentirait-il pas à l’y voir placer Fred Vincy, sous condition que lui, Caleb, serait responsable de l’administration du domaine ? Ce serait un excellent apprentissage pour Fred ; il pourrait se faire là un modeste revenu et avoir encore du temps de reste pour acquérir plus d’expérience en le secondant dans d’autres affaires. Il parla de son idée à mistress Garth avec un ravissement si évident qu’elle se serait reproché de refroidir sa joie en lui exprimant sa crainte constante qu’il n’en entreprît trop.

— Ce garçon serait heureux comme quatre, si je pouvais lui dire que tout cela est arrangé. Pensez, Suzanne, il avait eu l’esprit toujours fixé sur cette terre, pendant des années avant la mort du vieux Featherstone. Et ce serait la plus jolie tournure que puisent prendre les choses, s’il avait,