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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/341

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— Restez, monsieur Lydgate, restez, J’ai réfléchi depuis à ce dont vous m’avez parlé. J’ai été pris hier par surprise et n’ai considéré la chose que superficiellement. Mistress Bulstrode se préoccupe de sa nièce, et je serais moi-même affligé d’un changement calamiteux dans votre position. J’ai de grosses charges, mais, tout bien considéré, je regarde comme juste de faire un léger sacrifice plutôt que de vous laisser sans secours. N’avez-vous pas dit qu’il vous suffirait d’un millier de livres pour vous délivrer de vos soucis présents et vous permettre de reprendre pied ?

— Oui, dit Lydgate, en qui une vive joie surmontait tout autre sentiment. Cela payerait toutes mes dettes et me laisserait encore quelque avance. Je pourrais introduire des économies dans notre manière de vivre, et peu à peu ma clientèle se relèverait.

— Voulez-vous attendre un moment, monsieur Lydgate. Je vais vous signer un chèque de cette valeur. Je sais que le secours, pour être efficace, doit être complet.

Pendant que Bulstrode écrivait, Lydgate alla à la fenêtre, songeant à son foyer, à sa vie dont le bel élan venait d’échapper à l’abîme, dont les grands desseins étaient libres encore.

— Vous pouvez me donner un reçu de ceci, monsieur Lydgate, dit le banquier s’avançant vers lui avec le chèque. Et bientôt, je l’espère, vous vous trouverez dans des circonstances qui vous permettront de me rembourser peu à peu. En attendant, je me réjouis de penser que vous serez à l’abri de difficultés nouvelles.

— Je vous suis profondément reconnaissant, dit Lydgate. Vous avez fait renaître à mes yeux la perspective de travailler avec quelque bonheur et quelque chance d’arriver à bien.

Ce bon mouvement de Bulstrode, après réflexion sur son refus, parut assez naturel à Lydgate, il n’était pas mal d’ac-