Aller au contenu

Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/364

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le premier à combattre un tel absolu ; n’ayant pas le droit de parler, il avait toutes les raisons pour garder le silence. Aussi Bulstrode se sentait-il en sûreté comme par une grâce providentielle ; un seul incident l’avait vivement impressionné, la rencontre fortuite de Caleb Garth, qui avait ôté son chapeau devant lui avec un air de douce gravité.

Il s’élevait cependant contre lui une forte opposition de la part des principaux habitants de la ville.

Une importante réunion avait été convoquée à l’hôtel de ville à propos d’une question sanitaire, à laquelle l’apparition d’un cas de choléra à Middlemarch donnait un caractère d’urgence. Depuis l’acte du Parlement qui autorisait certaines impositions pour les mesures sanitaires, on avait établi un conseil de surveillance spécial au sein duquel whigs et tories s’étaient entendus déjà pour l’application de ces mesures. La question, maintenant, était de savoir si, pour convertir en cimetière un terrain en dehors de la ville, on aurait recours à l’impôt ou à des souscriptions particulières. Le meeting allait s’ouvrir et toutes les personnes ayant quelque importance dans la ville étaient tenues de s’y rendre.

M. Bulstrode, comme membre du conseil, quitta la banque un peu avant midi, avec l’intention d’appuyer le projet de souscriptions particulières. Dans le trouble et l’agitation de ces derniers temps, il s’était tenu à l’arrière-plan, et il sentait qu’il allait reprendre ce jour-là son ancien rôle d’homme d’action et son influence dans les affaires publiques de la ville où il comptait finir ses jours. Parmi les différentes personnes cheminant dans la même direction il aperçut Lydgate ; ils se rejoignirent, causèrent de la question qui allait se débattre et entrèrent ensemble.

On eût dit que toutes les personnes notables étaient arrivées avant eux. Mais il y avait encore des places libres au haut bout de la grande table centrale et ils se frayèrent un chemin jusque-là. M. Farebrother était assis du côté opposé,