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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/401

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monde, lorsqu’il s’agissait des devoirs des autres. Mais toutes les invitations furent refusées et la dernière réponse tomba entre les mains de Lydgate.

— C’est l’écriture de Chichely. À propos de quoi vous écrit-il ? demanda Lydgate tout étonné en lui tendant le billet.

Elle fut obligée de le lui laisser voir, et la regardant sévèrement, il lui dit :

— Pourquoi, au monde, avez-vous envoyé des invitations sans m’en prévenir, Rosemonde ? Je prie et j’insiste pour que vous n’invitiez personne ici. Je suppose que vous en avez invité d’autres qui ont également refusé.

Elle ne répondit pas.

— M’entendez-vous ? cria Lydgate d’une voix de tonnerre.

— Oui, certes, je vous entends, dit Rosemonde, détournant la tête avec le gracieux mouvement d’un oiseau au long col.

Lydgate aussi agita la tête mais violemment et sans aucune grâce, et, se méfiant de sa colère, il sortit de la chambre. Rosemonde trouva qu’il devenait de plus en plus insupportable, il n’y avait certainement aucune raison pour prendre de ces façons autoritaires. La répugnance de Lydgate à confier à sa femme toute chose à laquelle il était sûr d’avance qu’elle ne s’intéresserait pas, devenait peu à peu une habitude instinctive, et elle ignorait tout ce qui avait trait aux mille livres, sauf que le prêt était venu de son oncle Bulstrode. Les odieux accès d’humeur de Lydgate et l’éloignement où leurs voisins semblaient vouloir se tenir d’eux dataient pour elle, sans qu’elle pût se l’expliquer, du moment où ils avaient été délivrés de leurs difficultés d’argent. Si les invitations avaient été acceptées, elle eût invité également sa mère et les autres personnes de sa famille qu’elle n’avait pas aperçues depuis plusieurs jours ; aussi