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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/457

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— Vous n’êtes pas fâchée que je sois venue ce matin ?

— Non, vous avez été très bonne pour moi, dit Rosemonde. Je ne comptais pas sur tant de bonté. J’étais très malheureuse. Je ne suis pas heureuse maintenant. Tout est si triste.

— Mais il viendra de meilleurs jours. On rendra justice à votre mari. Et il compte sur vous pour l’encourager. Il vous préfère à tout. Perdre cela serait la perte suprême et vous ne l’avez pas perdu, dit Dorothée.

Elle s’efforçait d’éloigner d’elle la pensée trop dominante de son propre soulagement ; elle ne voulait rien négliger pour obtenir de Rosemonde quelque signe que son affection aspirait de nouveau à revenir vers son mari.

— Tertius ne m’a donc rien reproché ? demanda Rosemonde, comprenant maintenant que Lydgate aurait pu dire n’importe quoi à mistress Casaubon et qu’elle était certainement bien différente des autres femmes. Peut-être y avait-il une faible nuance de jalousie dans cette question. Un sourire commença à se jouer sur les traits de Dorothée, comme elle répondait :

— Non, certainement ! Comment avez-vous pu l’imaginer ?

Mais ici la porte s’ouvrit et Lydgate entra.

— C’est le médecin qui revient, dit-il ; à peine parti, j’ai été hanté par deux pâles visages : mistress Casaubon semblait avoir autant besoin de soins que vous-même, Rosy. Et j’ai pensé que j’avais manqué à mon devoir en vous laissant ensemble ; aussi, après avoir été chez Coleman, suis-je revenu à la maison. J’ai remarqué que vous étiez venue à pied, mistress Casaubon, et le ciel a changé ; nous pourrions, je crois, avoir de la pluie. Faut-il faire dire à votre voiture de venir vous prendre ?

— Oh ! non. Je suis forte : j’ai besoin de marcher, dit Dorothée, se levant, le visage plein d’animation. Mistress Lydgate et moi, nous avons beaucoup bavardé, et il est temps