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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/55

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agréable à voir comme le reflet d’un rayon de soleil sur la surface de l’eau.

Will suivait sa route, un petit livre sous le bras, les mains dans les poches, ne lisant pas, mais chantonnant de temps à autre, tout en se représentant l’image de ce qui arriverait à l’église et à la sortie des fidèles. Il essayait des mélodies pour les adapter à des paroles de son invention, répétant parfois des airs tout faits et parfois improvisant. Ses paroles n’étaient pas précisément un hymne, mais elles s’associaient merveilleusement à sa disposition dans cette matinée de dimanche


Ô moi, ô moi, de quelle chère frugale
Se nourrit mon amour !
Un contact, un rayon absent,
Une ombre qui a disparu :

Le rêve d’un souffle qui pourrait être près de moi,
L’écho intérieur d’un son,
La pensée qu’un être peut me trouver cher,
Le lieu où je l’ai connu,

Le frémissement d’une crainte évanouie,
Un mal qui n’a pas été fait —
Ô moi, ô moi, de quelle chère frugale
Se nourrit mon amour !


Parfois, quand en enlevant son chapeau il rejetait la tête en arrière et faisait en chantant ressortir son col délicat, il semblait une incarnation du printemps dont l’ardeur remplissait l’atmosphère, — brillante créature riche de promesses inconnues.

Les cloches sonnaient encore quand il atteignit Lowick, et il entra dans le banc du vicaire avant que personne y fût arrivé. Il y demeura seul encore après que la congrégation se fut assemblée. Le banc du vicaire était en face de