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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/7

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à l’exécution de son plan. La pauvre Dorothée avait à faire provision de patience.

Il était à peu près quatre heures, lorsque sa voiture s’arrêta devant la maison de Lydgate, Lowick Gate ; et, dans sa crainte soudaine de ne pas le rencontrer, elle regrettait de ne pas lui avoir écrit d’avance. Et en effet, il n’était pas chez lui.

— Mistress Lydgate est-elle chez elle ? demanda Dorothée qui ne se souvenait pas d’avoir encore vu Rosemonde, mais se rappelait maintenant les circonstances de son mariage.

— Oui, mistress Lydgate était à la maison.

— Je vais entrer lui parler un instant, si elle veut bien le permettre. Voulez-vous lui demander si elle peut me recevoir, recevoir mistress Casaubon pour quelques minutes ?

Quand la domestique se fut éloignée pour s’acquitter du message, Dorothée put entendre de la musique dont les sons lui arrivaient par une fenêtre ouverte, le chant d’une voix d’homme, puis un piano éclatant en une suite de traits ; mais les roulades cessèrent subitement et la domestique revint lui annoncer que mistress Lydgate serait heureuse de recevoir mistress Casaubon.

Lorsque la porte du salon s’ouvrit, l’entrée de Dorothée produisit une sorte de contraste qui n’était pas rare dans la vie de province, alors que les habitudes des rangs différents de la société se confondaient moins qu’aujourd’hui. Que ceux qui le savent nous disent exactement quelle étoffe portait Dorothée, dans ces jours d’automne encore chauds, quel était ce léger tissu de laine blanche, doux au toucher et doux à l’œil. Sa robe paraissait toujours fraîche comme si elle la mettait pour la première fois, et répandait comme un doux parfum de haies ; elle était toujours en forme de pelisse avec de longues manche pendantes absolument passées de mode.