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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/70

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CHAPITRE VII


— Je voudrais, pour l’amour de Dieu, que Dorothée pût ne pas être instruite de cela, dit sir James Chettam avec son petit froncement de sourcil habituel, et l’expression du dégoût le plus profond.

Il s’adressait à M. Brooke, debout devant la cheminée de la bibliothèque de Lowick-Manor, le lendemain de l’enterrement de M. Casaubon ; Dorothée n’était pas encore en état de quitter la chambre.

— Ce serait difficile, Chettam, car elle est exécutrice testamentaire et elle aime à s’occuper de ces choses, propriété, terrains, etc. Elle a ses idées, vous savez, dit M. Brooke, rajustant son lorgnon d’un mouvement nerveux et examinant les coins d’un papier plié qu’il tenait à la main ; et comptez qu’elle voudra agir comme exécutrice testamentaire : elle a eu vingt et un ans au mois de décembre dernier, vous savez. Je ne puis rien empêcher.

Sir James fixa le tapis en silence pendant un instant, puis, levant brusquement les yeux :

— Je vais, reprit-il, vous dire ce que nous pouvons faire. Jusqu’à ce que Dorothée soit bien remise, il faut la tenir éloignée de toute affaire, et aussitôt qu’elle le pourra elle viendra s’installer chez nous ; rien ne peut lui être plus salutaire que de se trouver auprès de Célia et du petit enfant ; le temps passera de la sorte ; dans l’intervalle vous vous débarrasserez de Ladislaw ; il faut qu’il quitte le pays.

Ici, l’expression de dégoût de sir James reparut dans toute son intensité.