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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/9

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valait la peine d’être cité, ses petites mains couvertes de bagues, et cette réserve de manières qui ne s’ignore pas et qui remplace à grands frais la simplicité.

— Je vous remercie beaucoup de me permettre de vous interrompre, dit aussitôt Dorothée. Je suis très désireuse de voir M. Lydgate avant de rentrer, et j’espérais que vous pourriez peut-être me dire où je le trouverais, ou même me permettre de l’attendre ici, s’il ne doit pas tarder.

— Il est au nouvel hôpital, dit Rosemonde, je ne sais pas au juste quand il rentrera ; mais je puis le faire chercher.

— Voulez-vous me permettre d’aller le chercher ? demanda Will Ladislaw en s’avançant.

Il avait déjà pris son chapeau avant l’entrée de Dorothée.

Elle rougit de surprise, mais lui tendit la main avec un sourire de plaisir auquel on ne pouvait se méprendre, en disant :

— Je ne savais pas que ce fût vous ; je ne pensais pas du tout vous trouver ici.

— Irai-je à l’hôpital prévenir M. Lydgate que vous désirez lui parler ? répéta Will.

— Ce serait plus tôt fait, de lui envoyer la voiture, dit Dorothée, voulez-vous être assez bon pour en donner l’ordre au cocher.

Will se dirigeait vers la porte, quand Dorothée, dont l’esprit venait en un instant de repasser par un enchainement de souvenirs, se retourna brusquement.

— J’irai moi-même, dit-elle, je vous remercie. Je désire ne pas perdre de temps avant de rentrer. Je vais aller à l’hôpital et j’y verrai M. Lydgate. Vous m’excuserez, mistress Lydgate. Je vous suis très obligée.

Son esprit était évidemment sous l’empire de quelque soudaine pensée, et elle quitta la chambre, ayant à peine conscience de ce qui l’entourait, s’apercevant à peine que