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Page:Eliot - Middlemarch, volume 2.djvu/99

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vous pourriez aimer à vous retirer ; vous pourriez trouver un plus beau champ d’action. Les gens d’ici pourraient ne pas avoir de vous cette opinion élevée que j’ai toujours eue, moi, vous considérant comme un alter ego, un bras droit, bien que je me sois toujours réjoui à l’idée que vous pourriez faire autre chose. Je songe à pousser une pointe en France. Mais je vous enverrai des lettres, vous savez, pour AIthorpe et pour des gens comme lui. Je me suis rencontré avec Althorpe.

— Je vous suis fort obligé, répondit fièrement Ladislaw. Puisque vous allez vous défaire du Pionnier, il est inutile que je vous ennuie des décisions que je prendrai. Il peut me convenir de rester ici pour le moment.

Quand M. Brooke l’eut quitté, Will se dit à lui-même :

— Sa famille l’a pressé de se débarrasser de moi et il lui est maintenant bien indifférent que je m’en aille. Je resterai ici aussi longtemps qu’il me plaira. Ce sera de mon plein gré que je m’en irai, et non parce qu’ils ont peur de moi.



CHAPITRE X


Durant cette soirée de juin où M. Farebrother apprit qu’on lui destinait la cure de Lowick, la joie régna dans le salon à l’ancienne mode du presbytère, et les portraits mêmes des graves légistes semblaient comme réjouis dans leurs cadres. La mère du vicaire laissa ce soir-là sans y toucher son thé et sa rôtie ; elle était assise, gracieuse et un peu affectée dans sa grâce comme à son ordinaire, ne laissant voir son émotion que par cet éclat sur les joues et ce feu dans les yeux, qui donnent à une femme âgée une