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Page:Emery - Douces amies, 1920.djvu/151

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DOUCES AMIES

s’offre à moi. Et loin de me ruer, remerciant, vers elle, je reste désemparé, accablé !… Mais aussi, la jouissance de cette chair amoureuse et qui halète de désir sera si vite passée et si vite flétrie… La femme qui se livre ainsi, sans retenue et sans résistance, au passant qui la veut, n’est qu’une sensuelle, affamée de plaisir ; sitôt qu’elle est repue, tout est fini. Nulle palpitation délicieuse du cœur ne subsiste entre les deux êtres qui tout à l’heure étaient enlacés et mêlés… Ah ! quelle sensation de détresse et de néant vous envahit alors !… Comme on voudrait pleurer !…

— À quoi pensez-vous donc, me demanda Marcelle, d’une voix ironique, presque irritée.

Elle se balançait lentement dans le hamac. Sa robe s’était soulevée ; dans la vague des dentelles légères, j’aperçus soudain ses jambes effervescentes, dont la roseur transparaissait sous les bas, d’une soie ensoleillée comme les pétales des boutons d’or. Ce fut un éblouissement. Mes mains étaient attirées par l’admirable gonflement de ces chairs savoureuses, je me précipitai. Mais au lieu de céder à la tentation de cette joie, je tombai sur le sable, pieusement agenouillé, et je m’inclinai vers les yeux de Marcelle…

Une lueur étrange les illuminait. Je m’achar-