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Page:Emery - Douces amies, 1920.djvu/196

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DOUCES AMIES

Sa voix est lente et douce ainsi qu’une caresse.

Oh ! parle, mon aimée, parle, parle, berce-moi de la chère harmonie qui m’enchante et m’éjouit. Dis-moi tes tristesses ou tes joies, dis-moi ton amour pour les fleurs, pour la beauté du paysage qui nous environne ; dis-moi des choses banales, et si tu veux, dis-moi même des choses méchantes ; mais parle, parle-moi…

Ta voix est lente et douce ainsi qu’une caresse.

Oui, c’est une caresse qui descend sur mon cœur ! Dans cet enveloppement voluptueux et câlin de tes paroles, je frissonne, je tremble, et je voudrais pleurer. Pleurer est délicieux, quand on pleure de joie !

Les magiciens nous disent : Le verbe est une force que rien ne peut briser. Ils ont raison, les mages : ta voix a la puissance suprême, irrésistible d’un philtre ensorcelé.

Ta voix est lente et douce ainsi qu’une caresse.

Hier, dans ma folie, je voulais secouer le joug, le tendre joug de mon cher esclavage. Je me croyais très fort. J’étais allé vers toi, le cœur affranchi, les yeux rieurs, l’allure impertinente… Doucement tu m’as parlé… Et mes résolutions se sont évanouies, ma force n’a été que faiblesse puérile, et j’ai voulu reprendre mes liens, mes chers liens…