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Page:Emery - Douces amies, 1920.djvu/206

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DOUCES AMIES

« Les heures s’envolent, l’amour décroît…

« Les jours se passent, et ma ferveur est plus grande, plus forte ; sans cesse elle s’épanouit en floraisons géantes.

« Mon adoration tumultueuse et ardente, vois-tu, c’est toute ma vie ! Et je veux la garder…

« Tu le vois, ma chérie, il ne faut pas m’aimer…

« Sois bonne et douce ; sois la divinité qui accorde sa beauté, son charme, sa splendeur et qui se laisse aimer ! Sois l’image de marbre, qui ne s’anime pas et demeure impassible quand le fervent s’exalte ! Sois le Dieu qui sourit — mais d’un sourire exquis, de bonté, de pitié, d’orgueil peut-être aussi, d’être tant adoré !… »

J’attendais sa réponse avec une douloureuse palpitation.

L’heure était solennelle…

Si vraiment elle m’aimait, Marcelle allait enfin, dans ce merveilleux paysage nocturne, me crier sa tendresse sincère, passionnée…

Elle ne parla pas. Mais elle m’offrit sa bouche…

Ah ! qu’il était amer, son baiser, ce soir-là !…