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POT-BOUILLE

calmaient le libéralisme de ces bourgeois satisfaits. N’importe, ils déclarèrent tous qu’ils voteraient contre l’empereur, car il avait besoin d’une leçon.

— Ah ! mais, ils m’embêtent ! dit Trublot, qui tâchait de comprendre depuis un instant.

Octave le décida à retourner auprès des dames. Dans l’embrasure de la fenêtre, Berthe étourdissait Auguste de ses rires. Ce grand garçon, au sang pâle, oubliait sa peur des femmes, devenait très rouge, sous les attaques de cette belle fille, dont l’haleine lui chauffait le visage. Madame Josserand, cependant, dut trouver que les choses traînaient en longueur, car elle regarda fixement Hortense ; et celle-ci, obéissante, alla prêter main-forte à sa sœur.

— Vous êtes tout à fait remise, madame ? osa demander Octave à Valérie.

— Tout à fait, monsieur, je vous remercie, répondit-elle tranquillement, comme si elle ne se souvenait de rien.

Madame Juzeur parla au jeune homme d’une vieille dentelle qu’elle désirait lui montrer, pour avoir son avis ; et il dut promettre d’entrer un instant chez elle, le lendemain. Puis, comme l’abbé Mauduit revenait dans le salon, elle l’appela, le fit asseoir, d’un air de ravissement.

Mais la conversation avait repris. Ces dames causaient de leurs domestiques.

— Mon Dieu ! oui, continua madame Duveyrier, je suis contente de Clémence, une fille très propre, très vive.

— Et votre Hippolyte, demanda madame Josserand, ne vouliez-vous pas le renvoyer ?

Justement, Hippolyte, le valet de chambre, passait des glaces. Quand il se fut éloigné, grand, fort, la mine fleurie, Clotilde répondit avec embarras :

— Nous le gardons. C’est si désagréable, de changer !