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LES ROUGON-MACQUART

— D’où venez-vous ?

— Pardi ! de là-haut, répondit-elle, en continuant de marcher.

Alors, il éclata.

— Nous ne voulons pas de femmes, entendez-vous ! On l’a déjà dit à l’homme qui vous amène… Si vous revenez coucher, j’irai chercher un sergent de ville, moi ! et nous verrons si vous ferez encore vos cochonneries dans une maison honnête.

— Ah ! vous m’embêtez ! dit la femme. Je suis chez moi, je reviendrai si je veux.

Et elle s’en alla, poursuivie par les indignations de M. Gourd, qui parlait de monter chercher le propriétaire. Avait-on jamais vu ! une créature pareille chez des gens comme il faut, où l’on ne tolérait pas la moindre immoralité ! Et il semblait que ce cabinet habité par un ouvrier, fût le cloaque de la maison, un mauvais lieu dont la surveillance révoltait ses délicatesses et troublait ses nuits.

— Alors, cette clef ? se hasarda à répéter Octave.

Mais le concierge, furieux de ce qu’un locataire avait pu voir son autorité méconnue, tombait sur la mère Pérou, voulant montrer comment il savait se faire obéir. Est-ce qu’elle se fichait de lui ? Elle venait encore, avec son balai, d’éclabousser la porte de la loge. S’il la payait de sa poche, c’était pour ne pas se salir les mains, et continuellement il devait nettoyer derrière elle. Du diable s’il lui ferait encore la charité de la reprendre ! elle pouvait crever. Sans répondre, cassée par la fatigue de cette besogne trop rude, la vieille continuait à frotter de ses maigres bras, se retenant de pleurer, tant ce monsieur aux larges épaules, en calotte et en pantoufles, lui causait une épouvante respectueuse.

— Je me souviens, mon chéri, cria madame Gourd