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LES ROUGON-MACQUART

implacable. Elle avait une curiosité pourtant, elle finit par demander :

— Où donc étiez-vous ?

— Là-haut, dans la chambre, au fond du couloir, vous savez.

Campardon, du coup, leva les bras, en criant :

— Comment ! c’est avec Octave, pas possible !

Avec Octave, avec ce gringalet, une jolie femme si grasse ! Il restait vexé. Rose, également, éprouvait un dépit, qui maintenant la rendait sévère. Quant à Gasparine, elle était hors d’elle, mordue au cœur par sa haine instinctive contre le jeune homme. Encore lui ! elle le savait bien, qu’il les avait toutes ; mais, certes, elle ne pousserait pas la bêtise jusqu’à les lui tenir au chaud, dans son appartement.

— Mettez-vous à notre place, reprit-elle avec dureté. Je vous répète que nous avons ici une jeune fille.

— Puis, dit à son tour Campardon, il y a la maison, il y a votre mari, avec lequel j’ai toujours eu les meilleurs rapports… Il serait en droit de s’étonner. Nous ne pouvons avoir l’air d’approuver publiquement votre conduite, madame, oh ! une conduite que je ne me permets pas de juger, mais qui est assez, comment dirai-je ? assez légère, n’est-ce pas ?

— Bien sûr, nous ne vous jetons pas la pierre, continua Rose. Seulement, le monde est si mauvais ! On raconterait que vous donniez vos rendez-vous ici… Et, vous savez, mon mari travaille pour des gens très difficiles. À la moindre tache sur sa moralité, il perdrait tout… Mais, permettez-moi de vous le demander, madame : comment n’avez-vous pas été retenue par la religion ? L’abbé Mauduit nous parlait encore de vous, avant-hier, avec une affection paternelle.

Berthe, entre les trois, tournait la tête, regardait celui qui parlait, d’un air d’hébétement. Dans son épou-