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LES ROUGON-MACQUART

tourna vers Bachelard dont le désespoir bruyant se calmait.

— Je venais vous demander la nouvelle adresse de Duveyrier… Vous devez la connaître.

— L’adresse de Duveyrier, l’adresse de Duveyrier, balbutia l’oncle. Vous voulez dire l’adresse de Clarisse. Attendez, tout à l’heure.

Et il alla ouvrir la chambre de Fifi. Auguste, très étonné, en vit sortir Gueulin, que le vieillard y avait enfermé à double tour, désirant lui donner le temps de s’habiller et le garder sous la main, pour décider ensuite de son sort. La vue du jeune homme, l’air déconfit, les cheveux encore en désordre, ralluma sa colère.

— Comment ! misérable ! c’est toi, mon neveu, qui me déshonores !… Tu salis ta famille, tu traînes dans la boue mes cheveux blancs !… Ah ! tiens ! tu finiras mal, nous te verrons un jour en cour d’assises !

Gueulin écoutait, la tête basse, à la fois gêné et furieux. Il murmura :

— Dites donc, l’oncle, vous allez trop loin. Hein ? un peu de mesure, je vous prie. Si vous croyez que je trouve ça drôle, moi aussi !… Pourquoi m’avez-vous amené chez mademoiselle ? Je ne vous le demandais pas. C’est vous qui m’y avez traîné. Vous y traîniez tout le monde.

Mais Bachelard, gagné de nouveau par les larmes, continuait :

— Tu m’as tout pris, je n’avais plus qu’elle… Tu seras la cause de ma mort, et je ne te laisserai pas un sou, pas un sou !

Alors, Gueulin, hors de lui, éclata.

— Fichez-moi la paix ! j’en ai assez !… Ah ! qu’est-ce que je vous ai toujours dit ? les voilà, les voilà, les embêtements du lendemain ! Vous voyez comme ça me réus-