Page:Emile Zola - Pot-Bouille.djvu/394

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
394
LES ROUGON-MACQUART

qu’elle le fait coucher avec. Ça la flatte devant sa famille, cette fille… D’ailleurs, comme le gros Payan lui avait déjà croqué ses vingt-cinq mille francs de meubles, elle s’en est fait acheter cette fois pour trente mille. Oh ! c’est fini, elle le tient par terre, sous son pied, le nez dans ses jupes. Faut-il qu’un homme aime le veau crevé !

— Allons, je pars, puisque monsieur Trublot ne peut venir, dit Auguste, dont ces histoires augmentaient les ennuis.

Mais alors Trublot déclara qu’il les accompagnait tout de même ; seulement, il ne monterait pas, il leur indiquerait la porte. Et, après être allé prendre son chapeau et donner un prétexte, il les rejoignit dans le fiacre.

— Rue d’Assas, dit-il au cocher. Suivez la rue, je vous arrêterai.

Le cocher jura. Rue d’Assas, ah ! malheur ! en voilà des paroissiens qui aimaient la promenade ! Enfin, on arriverait, quand on arriverait. Le grand cheval blanc fumait sans avancer, le cou cassé dans une salutation douloureuse, à chaque pas.

Cependant, Bachelard racontait déjà sa mésaventure à Trublot. Il avait l’infortune bruyante. Oui, avec ce cochon de Gueulin, une petite délicieuse ! Il venait de les trouver en chemise. Mais, à ce point de son récit, il se souvint d’Auguste, affaissé dans un coin de la voiture, sombre et dolent.

— C’est vrai, pardon ! murmura-t-il, j’oublie toujours.

Et, s’adressant à Trublot :

— Notre ami a un malheur dans son ménage, et c’est même pour ça que nous courons après Duveyrier… Oui, il a trouvé cette nuit sa femme…

Il acheva d’un geste, puis ajouta simplement :