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Page:Encyclopédie méthodique - Arts aratoires, T01.djvu/136

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la plupart des potagers y étoient de véritables marais que l’on a ensuite convertis en potagers ; d'où est venu le nom de maraîchers, ou maraigers que l’on donne à ceux qui les cultivent.

Dans beaucoup de provinces on l’appelle encore de l’ancien mot meix, d'où l’on a fait meisage, pour en exprimer le produit.

Le jardin fruitier, ou verger, est un terrain qui n'est peuplé que d'arbres à fruit.

Depuis que l'on a trouvé l’art qui n'est pas bien ancien, de dresser des arbres en espaliers & contre-espaliers, la plupart des potagers sont devenus aussi des jardins fruitiers, & la culture de ces espaliers fait la partie la plus recherchée dans le jardinage.

Tout jardinier doit commencer par connoître à fond le terrain qu'il veut cultiver ; il ne faut pas qu'il se contente de l’examiner à la superficie, mais il doit faire des fouilles dans différentes parties de son jardin pour sonder & connoître par-tout la hauteur de la terre, & sur quel fond elle se trouve.

Un jardin quelconque doit avoir trois à quatre pieds de bonne terre en profondeur, sinon, il faut en porter & recharger le sol.

Fouiller & retourner par-tout la terre à trois ou quatre pieds de profondeur, la passer à la claie, est ce que l’on peut faire de mieux ; on est alors assuré de sa terre, & on lui donne les engrais qui lui sont propres.

Cette fouille est indispensable quand on plante des arbres.

Toutes les terres peuvent se réduire à quatre espèces qu'elles tirent de leur fond.

Ces fonds sont 1°. ou de roche ; plus ou moins dure & compacte ; 2°. de grou ou grouine ; 3°. d'argille, ou terre grasse ; 4°. enfin de sable. Outre la variété dans ces espèces, il se fait encore entr'elles un mélange infini : les terres tiennent tantôt plus, tantôt moins des unes ou des autres, le coup-d'œil, l’examen décide de la qualité dominante.

La roche sous laquelle on comprend, depuis la craie jusqu'à la pierre la plus dure, le marbre & le caillou, indique au jardinier le soin qu'il doit avoir de la terre où cette espèce domine ; il faut profonder ce terrain, le dépierrer jusqu'à trois ou quatre pieds, & y mettre de fréquens engrais.

Les terres, dont le fond est de grou ou grouine, sont nitreuses & pleines de salpêtre ; elles donnent des végétaux & des plantes fort chétifs, les arbres y croissent, & y durent très-peu, sur-tout, lorsque ce sol renferme de la minière de fer, ou qu'il en est voisin ; il faut améliorer & changer cette terre, si on ne peut


le faire tout d'un coup, que ce soit au moins successivement.

Les terres glaiseuses, argilleuses & mattes doivent être labourées profondément, & émiées avec soin ; on n'y doit planter que peu avant, parce que l’air & les sucs qui sont l’aliment des plantes, y pénètrent & y circulent difficilement.

Quand ces terres sont basses & aquatiques, on conseilleroit volontiers l’enlevement de l’argilee à un pied ou deux au-dessous de la bonne terre, & de remplacer cette argille, ou terre grasse par des pierres peur empêcher le séjour des eaux que l'on pourroit même conduire dans une espèce de vivier, ou réservoir, pour servir à l'arrosement.

Ce conseil devient une nécessité à l’égard des trous à faire pour planter des arbres dans ces terres.

Si le sable est à la superficie de la terre, il faut la recharger & remplacer le sable par de bonne terre ; s'il se trouve à trois ou quatre pieds au-dessous de la bonne terre, & qu’il soit entretenu dans une espèce de fraîcheur parde petites sources supérieures, c'est alors un bon fonds pour le jardinage.

La meilleure de toutes les terres pour le jardinage est la sabloneuse : on n'entend pas par là, une terre composée d'un sable sec & aride, & sans aucune liaison ; tel est le sable de rivière ; mais celle dont le grain noir, onctueux & gras, n'excède pas en grosseur un grain de sable, & qui ne s'attachant pas trop au grain voisin, donne au tout une mobilité essentielle pour la bonté de la terre ; c'est là ce qu'on appelle terre meuble, terre à potager.

Plus une terre approche de celle-là, plus elle est propre au jardinage.

Mais il dépend beaucoup de l’industrie du jardinier de rendre sa terre meuble jusqu'à un certain point, par les engrais, par les fréquens labours, par les changemens & mélanges de terre.

On entend par engrais tout ce qui rend une terre meilleure, & dans ce sens, le fumier est un engrais, mais il n'est pas le seul. Si la terre est trop grasse, glaiseuse & matte, on peut corriger ce vice avec les cendres qui ont servi à faire la lessive, avec des sables tirés des ravines, où ils ont été entraînés par le courant des pluies.

Les terres trop légères se lient par des engrais ; parmi les engrais le gazon fourni & touffu qu'on a laissé pourrir pendant l’hiver, ou dans


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