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Page:Encyclopédie méthodique - Arts aratoires, T01.djvu/216

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SAIGNÉE des arbres ; c'est une incision faite avec précaution & connoissance de cause. Il ne faut pas faire cette incision en face du soleil, ou à l’exposition des pluies ; on ne la fait point à des arbres catereux. La saignée, quand elle est nécessaire, se pratique toujours de côté & par perrière. Cette invention a été proposée, il y a plus de deux siècles, par Tongres, médecin anglois.

La saignée est sur-tout employée quand c'est le trop de sève qui emporte l'arbre, qui ne lui fait produire que du bois & des gourmandes, & qui l’empêche de se mettre à fruit.

La saignée se fait avec la pointe de la serpette que l’on enfonce dans l'écorce jusqu'au bois, depuis le bas du tronc de l'arbre, jusqu'à six, sept, ou huit pouces au-dessus de la naissance des grosses branches ; le tout proportionnellement au plus ou moins du trop de vigueur que l'on veut arrêter dans l'arbre : on recouvre cette incision avec de l'onguent de S. Fiacre.

Quand un arbre ne profite point, & que cela vient d'un vice du terrain, on rechange la terre ; on creuse le plus à fond qu'il est possible, entre les racines, sans les endommager, & on y coule de la nouvelle terre ; ensuite on l’arrose, & l'on met au pied du fumier bien consommé, ou autre bon engrais.

Si le terrain est trop gras, ce qui fait que l'arbre ne pousse que du bois, on change la terre trop grasse ; on y substitue de la terre neuve un peu sèche ; ou bien on mêle, avec la terre, du sable de ravine, sur-tout, si cette terre est matte.

Quand une branche devient trop grosse pendant l’année, & qu'elle prend toute la sève de l'arbre, il faut, si l’on peut la retrancher, ou bien la forcer contre le mur, la courber presque à casser, pour en arrêter le trop grand progrès.

Si l'arbre ne maigrit que d'un côté, il faut pratiquer la saignée sur ce côté, depuis le tronc jusqu'aux branches maigres, pour attirer la sève dans cette partie, & la diminuer dans l'autre.

L'année suivante, on renouvelle encore cette opération, si elle est nécessaire, & on taille l'arbre, long sur le côté le plus fort, & court sur le côté le plus foible.

Quand la tige d'un arbre ne grossit point, & qu'il se fait un talut à la greffe, il faut pratiquer l'incision, ou la saignée, sur les branches & sur les racines.

Cette saignée se fait aussi sur le tronc du pê-


cher, pour détourner la gomme, & l'empêcher de se jetter sur les branches.

Elle se pratique encore pour diminuer la fougue d'un arbre qui jette trop de gourmandes, & pour lui faire porter du fruit avec plus d'abondance, n'importe de quelle espèce de fruit, que ce soit. Quand l'emplâtre de bouze de vache tombe, & que la gomme se met dans l'incision, on nettoie bien la plaie, & l’on met un nouvel emplâtre.

SALLE ; c'est dans un jardin ou dans un parc un espace de forme régulière, bordé de charmilles & d'arbres de haute tige, suivant la grandeur de ce lieu. Il y a des salles couvertes, & d'autres découvertes, dont les charmilles & les taillis sont coupés à hauteur d'appui.

SALON de treillage. Espèce de grand cabinet rond ou à pans, fait de treillage de fer & de bois, & couvert de verdure, dans un jardin.

SARCLER ; c'est ôter soit avec la main, soit avec un outil, & de quelque façon que ce soit, les mauvaises herbes qui peuvent nuire aux végétaux qu'on cultive.

Sarcler ; c'est aussi éclaircir un plant, en ôtant ce qu'il y a de trop ou de nuisible. On sarcle particulièrement les bleds ; ce qui se fait de deux façons différentes : 1°. des femmes s'arrangent de front, & le sarcloir à la main, elles coupent les herbes les plus apparentes, qui se réduisent aux chardons & à quelques pieds de ponceaux ou de bluets ; c'est ce qu'on nomme quelquefois échardonner. Si ces plantes sont encore jeunes, les sarcleuses ne les apperçoivent pas ; ce qui fait que, quand elles sont plus grandes, on se trouve quelquefois obligé de recommencer ce travail. Mais on n'ôte point du champ les plantes mêmes qui sont au moins aussi préjudiciables ; telles que le vesceron, la folle avoine, l’ivraie, la nielle, l’arrête-bœuf, la queue de renard, &c. De plus, il n'est guère possible qu'on ne coupe du bled encore pour les mauvaises herbes.

La seconde manière, exempte de ces inconvéniens, mais sujette à d'autres, est d'arracher, les mauvaises herbes. Les femmes ne demandent souvent pas mieux que d'aller arracher l'herbe des bleds pour nourrir leurs vaches, mais elles arrachent aussi beaucoup de bled, & font un tort considérable au reste, sur-tout quand la terre est humide, en foulant les bleds avec leurs pieds, & traînant les sacs qu'elles emplissent d'herbes.

Le meilleur moyen de détruire les mauvaises herbes, semble donc être de continuer les labours pendant que les grains sont sur terre.


SARCLOIR.