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Page:Encyclopédie méthodique - Arts aratoires, T01.djvu/237

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TAI TAI 221


Règle générale : il ne faut point laisser trop de bois sur un arbre, & jamais n'en élever perpendiculairement sur la tige, & prendre toujours son bois sur des branches obliques.

Une autre règle, c'est de ne jamais croiser les branches ; il faut que l'œil puisse suivre, depuis la tige, la naissance de chaque branche, sans être arrêté.

Une autre règle générale, c'est que, plus un arbre jette de bois, plus il faut lui en laisser, pour dompter la sève, & l’amuser.

Mais, quand il est devenu sage, c'est-à-dire, quand il ne pousse pas trop en bois, on taille médiocrement.

Si un arbre.se porte plus d'un côté que de l’autre, on taille très-court le côté foible, pour renforcer la sève dans cette partie ; & l'autre, on le taille très-long, pour dompter la sève.

En général, on ne sauroit donner trop d'extension à un arbre en espalier.

Les arbres en contre-espaliers se taillent de même que ceux en espaliers, si ce n'est qu'on les taille sur les deux faces.

Les quenouilles se taillent, au pour-tour, comme un espalier, & l’on proportionne la taille à la figure qu'on veut leur donner.

A l’égard des buissons, il faut élever toutes les branches obliquement ; nulle ne doit être perpendiculaire ou verticale, mais toutes, latérales & obliques, c'est-à-dire, de côté.

Pour former un buisson, après que le jeune arbre a été planté comme on a dit, on choisit trois branches de côté, que l'on taille court, & au palissage, on donne aux pousses de l’année, la forme d'un gobelet, en les assujettissant d'abord au moyen d'un petit cerceau.

A la taille suivante, on suit cette direction, en observant de ne tailler que sur l'œil du dehors, & jamais sur celui de dedans, à moins que la branche ne s'écarte trop ; auquel cas, pour la remettre dans son rang, il faut tailler sur le bouton du dedans, ou de côté, suivant la direction dont cette branche a besoin.

C'est une erreur de croire que, pour former un buisson, & le couronner, comme on dit, il faille tailler également le haut ; ce couronnement ne paroît qu'à la taille, & disparoît à la pousse.

Il faut, au contraire, tailler long sur les branches les plus vigoureuses, & tailler court sur les fluettes : cette opération fait qu'à la pousse & à l’ébourgeonnement, les branches deviennent égales ; sinon on rabat les branches en mai, juin, juillet & août.


A l’égard des branches du pourtour, si quelqu’une se jette trop en dehors à l’ébourgeonnement, on la coupe près l'écorce, & on ne la casse jamais à moitié, comme font la plupart des jardiniers, pour rendre le feuillage égal ; on ne casse que quand on veut mettre à fruit, & de la façon ci-dessus dite.

Quand les arbres ont poussé, il ne faut pas attendre à l’année, suivante pour abattre les petites branches mortes, mais le faire le plus tôt possible.

De la taille du pêcher.

Les règles générales ci-dessus détaillées, ont aussi leur application pour le pêcher : ce que nous allons dire n'est que des exceptions particulières à cet arbre.

Quand, par succession de tems, les branches du pêcher sont trop haut montées, & que le bas se dégarnit, on rabat ces branches d'année en année, & on profite de celles qui poussent aux environs, & des gourmandes voisines, pour rapprocher la taille.

Le pêcher est celui de tous les arbres sur lequel on doit le plus ménager des branches de réserve.

A la taille du pêcher, on casse les lambourdes par le bout, sans cependant trop les rogner : on ne touche point aux brindilles.

Il faut bien remarquer d'où naissent ces brindilles & ces lambourdes, parce qu'on doit conserver la branche & ne point l'abartre, si elle est courte ; si elle est longue, ne la taillez que le moins possible, sinon le fruit avorteroit.

Si le pêcher s'est trop emporté par le haut, l’année précédente, on le rabaisse, en le taillant, sur celle des branches qui aura poussé de l’œil le plus bas, sur la taille précédente.

Si le pêcher, déjà vieux, pousse de bonnes branches du bas, on les ménage pour renouveller l'arbre, & on les taille long.

Les branches à fruit & les branches-crochers doivent être taillées ; les fortes, à cinq ou six yeux, & les foibles, depuis un jusqu'à trois.

Observez que le pêcher donne du fruit partout, & non pas seulement sur les lambourdes & les brindilles, mais le fruit est plus beau & plus assuré sur celles-ci. On ne doit tailler le pêcher qu'une seule fois, & ne point pincer & abattre les gourmandes, lors de leur pousse ; cela fait avorter les fruits : il faut les laisser croître, & les palisser jusqu'en juillet ; alors on les rabat à deux, trois