Aller au contenu

Page:Encyclopédie méthodique - Arts aratoires, T01.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
34 CAI CAI


on peut avec la chaleur du soleil, chauffer à cinquante & cinquante-cinq degrés le courant d’air qui traverse la caisse de dessication.

Avec six hommes, il est facile de dessécher parfaitement, soit au soleil, soit dans la caisse de dessication, sept à huit mille livres de grain par jour. En portant à quarante sous la journée de chaque ouvrier occupé à cette manutention, & à six livres l’entretien journalier des cribles, sacs, &c, il n’en coûte que quatre à cinq sous par quintal de grains mis en grenier de conservation ; & dans un mois de beau tems bien employé, on peut très aisément, avec six hommes, mettre en conservation plus de deux cent mille livres de bled de qualité supérieure, qui équivalent à plus de deux cent quarante milliers de bled négligé, ou de qualité inférieures c'est pourquoi, quand on passe les grains au crible, il faut avoir attention de séparer soigneusement le beau & gros froment du petit que l’on met à part, pour être consommé de préférence le premier, n'y ayant pas de profit à conserver du petit bled qui est toujours retrait ou avorté, & qui (comme on l’a déjà observé), à volume égal, ne rend guère plus de la moitié ou des deux tiers du bled de la première qualité ([1]).

Description de la caisse de dessication.

A. Caisse de dessication dans laquelle on met le grain dont l’humidité s'échappe en vapeurs par les soupiraux du couvercle, lesquels doivent être garnis de trapes très-légères, qui font l’office de régulateurs s'ouvrant & se fermant spontanément par l’action des soufflets & des vapeurs.

A. Ouvertures pratiquées dans l’épaisseur du bois de la caisse, pour y placer des thermomètres qui seroient garantis & maintenus entre deux lames de glace ou de verre blanc.

B. Ouverture au bas de la caisse pour vider le grain quand il est parfaitement desséché & refroidi : cette ouverture doit avoir cinq ou six pouces en quarré, & être fermée très-exactement.

B. Fourneau en briques, au travers duquel passe le porte-vent, dont il conviendroit que la partie plongée dans le feu fût de fonte de fer. Ce fourneau doit avoir un cendrier, un foyer & un dôme, afin de donner beaucoup de chaleur en ne consommant que de la braise ou de menus copeaux de bois.


C. Soufflets ou ventilateurs de chaleur de Hales, dont les soupapes d'expiration sont rassemblées dans la buze, ce qui conduit l'air aspiré dans le porte-vent D.

D. Porte-vent ou tuyau de forte tôle qui traverse le fourneau, & vient aboutir à une ouverture pratiquée entre les deux fonds CC de la caisse. Il conviendroit d'envelopper, le porte-vent de linges mouillés ou de gazon, afin que le métal échauffé n'endommage pas la buze du soufflet, ni les fonds de la caisse.

E. Réchaud rempli de braise, placé au-dessous de la caisse de dessication, dont le premier fond doit être construit en entier, ou être au moins garni dans le milieu, de fortes plaques de tôle sous lesquelles est placé directement le réchaud. Le second fond est en caillebotis, recouvert d'un canevas ou d'une grille de fil de fer ou de tôle piquée de manière que le grain ne puisse s'échapper au travers des caillebotis, & que l'air du porte-vent ait un passage libre pour traverser la masse de grains contenue dans la caisse.

Cet appareil, qui est fort simple, est très-propre pour dessécher les grains humides, & pour détruire en même-tems tous les insectes & leurs œufs, en poussant la chaleur à environ soixante-douze degrés de Réaumur ; cette machine a plusieurs avantages sur les étuves ordinaires. 1°. Elie est d'une construction plus simple & bien moins dispendieuse ; 2°. Les vapeurs humides se dissipent plus complettement & plus promptement, étant entraînées par un courant d'air très-chaud & très sec, & elles s'échappent abondamment par les soupiraux du couvercle de la caisse ; il suffit de cesser le feu en continuant de faire agir les soufflets ; quand le grain est bien refroidi, on le retire de la caisse pour le renfermer sur le champ dans les greniers de conservation, sans crainte qu'aucun insecte puisse y entrer ou y déposer ses œufs ; ce qui n'est pas un petit avantage, puisque, par ce nouveau procédé, on peut en toute saison travailler à dessécher les grains, même pendant un tems, & dans un lieu où les insectes seraient en action & en très-grand nombre. 3°. La chaleur se répand beaucoup plus également dans cette caisse que dans les étuves, dont partie des tablettes ou tuyaux est brûlante, tandis qu'une autre partie n'a souvent pas acquis cinquante degrés de chaleur. 4°. En changeant les dimensions de cette machine, & chauffant les porte-vents, soit au soleil, soit au feu de lampe ou autrement, on peut l’appliquer au dessèchement de toutes les substances végétales & animales, même les plus délicates, en les suspendant, & les arrangeant convenablement dans l’intérieur d'une caisse de dessication ; opération d'autant plus facile que l’on est toujours maître de modérer à volonté la vitesse

  1. (1) Le très-beau bled pèse près de soixante livres le pied cube ; le bled de qualité inférieure ne pèse souvent pas quarante-huit livres le pied cube ; il rend peu de fleur de farine & beaucoup de son.