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Page:Encyclopédie méthodique - Arts aratoires, T01.djvu/57

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CHA CHA 41


Les défrichemens dans les terrains couverts d’ajoncs & de bruyères sont si coûteux & si pénibles, qu’il vaudroit mieux quelquefois acheter un fonds de terre, que de prendre la peine de les défricher. La charrue que nous allons décrire, dispensera non-seulement du soin de se servir de la pioche dans les défrichemens des brandes, mais encore dans ceux des vieilles vignes. Quatre bœufs suffisent pour l’atteler, & l’on défriche aisément, par son moyen, toute sorte de terrain. Le travail en est facile, & l’homme le plus foible peut y suffire sans aucun effort, & sans qu’il ait besoin d’aucun poids pour guider ou contenir la charrue.

Il n’est pas douteux que pour réussir dans un travail aussi difficile que le défrichement des landes, on ne doive employer une charrue solide, & dont les proportions soient bien exactes ; mais si la construction d’un pareil instrument est facile, & qu’elle puisse être exécutée par le laboureur lui-même, cette charrue réunit tous les avantages ; tels sont ceux que présente l’instrument aratoire du citoyen de Pommiers.

Les roues de cette charrue doivent avoir 54 pouces de hauteur, & sont composées de douze raies ; la jante a 2 pouces d’épaisseur & autant de largeur ; le moyeu a 8 ou 10 pouces de longueur, & l’on peut y mettre des frettes ; on peut également les construire sans serrure.

On donne à la perche de la charrue 8 pieds 4 pouces de longueur, & sa grosseur doit être proportionnée à la force du travail auquel on la destine. On a soin de faire des trous pour la chaîne, de deux en deux pouces, à quatre pouces au-dessus du coutre, & lorsque la perche baissé trop, on peut l’élever, en ajoutant une hausse au-dessus de l’oreille ; celle-ci aura de longueur deux pieds 8 pouces ; la tête seulement 8 pouces, & elle sera camuse, & à l’endroit où elle reçoit le soc, on la bombera & l’on aura soin de faire pencher le versoir. Si par hasard on n’avoit pas de morceaux de bois assez gros pour construire la tête on pourroit la faire de deux pièces, & on l’assujettiroit à la perche & au cep par une cheville qui serviroit également à l’éloigner ou à la rapprocher. D’après cette construction, il est évident que la terre enlevée par le soc doit tourner autour de l’oreille, qu’elle est divisée par la pression de celle-ci & que son tournant arrache les racines.

La largeur du soc est de 12. pouces, sa longueur de 21 ; il doit être terminé en pointe ; son enfourchure, dont il faut que lemilieu soit parallèle, aura cinq pouces & demi de largeur, & un pouce & demi de hauteur ; la force de celle-ci doit être proporiionnée au défrichement qu’on veut faire ; quelques clous suffiront pour


attacher le soc à l’oreille, si on a eu soin de poser, vers le tiers de sa longueur, une bande de fer de six pouces, sur un de largeur.

La perfection de la charrue dépendant absolument du cep, il faut observer dans la construction de cette pièce, 1o. qu’elle doit être faite avec du bois très-dur ; 2o. que sa longueur est de deux pieds 8 pouces ; sa largeur 6 pouces, & 5 son épaisseur ; 3o. qu’il faut qu’elle soit bien dressée & creusée en dessus de demi-pouce sur la longueur d’un pied ; 4o. enfin qu’on doit rabattre le dessus, afin que le soc soit emmanché très-droit. On observera sur toutes choses qu’il faut que le cep soit extrêmement incliné, parce que s’il étoit droit, comme dans d’autres charrues, la moindre résistance le feroit soulever, pencher le soc, & ne produiroit aucun effet ; mais si on observe dans sa construction tous les points qu’on a indiqués, alors le talon frappera la terre dans l’endroit le plus difficile, & rien ne pourra l’arrêter. Si la charrue s’échappait de côté, ce seroit une preuve que le soc n’est pas posé droit, & il faudroit y remédier sur le champ.

Pour empêcher les herbes, les racines, de s’amasser entre l’oreille & le coûtre, on aura soin de pratiquer une ouverture auprès de ce dernier ; l’expérience apprendra la grandeur qu’il convient de lui donner ; par ce moyen tout passera, & l’on ne sera jamais obligé de s’arrêter ; si la lande ne se renversoit pas bien, on y remédieroit en éloignant davantage l’oreille.

L’essieu doit avoir 36 pouces de long ; mais pour en diminuer la dépense, on peut le faire de bois. La sellette qui porte sur l’essieu & qui est entre les roues, a 1 ou 3 pouces d’épaisseur ; les pièces des côtés ont deux pieds de longueur, & lorsque celle du milieu est assez longue, èllé peut servir de timon. On conçoit que celui-ci doit varier dans sa forme, & qu’il ne doit pas être le même pour atteler des bœufs ou des chevaux ; on attache contre la sellette un crochet destiné à tenir une chaîne de la longueur de trois pieds, laquelle est terminée par un anneau assez grand pour que la perche puisse passer au travers ; un second crochet, fixé contre cette dernière, sert à alonger ou à raccourcir la chaîne.

On fera d’abord l’essai de cette charrue dans une terre en valeur, ensuite dans une pelouse, après quoi on la montera à son point, & on s’en servira dans les landes. Elle devient beaucoup plus aisée après quelques jours d’usage, & soit habitude, soit parce que l’instrument va beaucoup mieux, l’iilusion en est au point qu’on croiroit à peine que c’est le même dont on se servoit en commençant. Cette charrue est très peu


Art aratoire.

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