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Page:Erckmann-Chatrian — L'ami Fritz (1864).djvu/111

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L’AMI FRITZ.

commères réunies par cinq ou six devant leur porte, tricotant, babillant comme des pies, pelant des pommes de terre, et lui criant, en se fourrant l’aiguille derrière l’oreille : « Hé ! c’est vous, monsieur Kobus ; qu’il y a longtemps qu’on ne vous a vu ! » tout cela le réjouissait et le remettait dans son assiette ordinaire.

« Je vais changer en arrivant, se disait-il, et puis j’irai prendre une chope à la brasserie du Grand-Cerf. »

Dans ces agréables pensées il tournait au coin de la mairie, et traversait la place des Acacias, où se promenaient gravement les anciens capitaines en retraite, chauffant leurs rhumatismes au soleil, et sept ou huit officiers de hussards, roides dans leurs uniformes comme des soldats de bois.

Mais il n’avait pas encore gravi les cinq ou six marches en péristyle de sa maison, que la vieille Katel criait déjà dans le vestibule :

« Voici M. Kobus !

— Oui… oui… c’est moi, fit-il en montant quatre à quatre.

— Ah ! monsieur Kobus, s’écria la vieille en joignant les mains, quelles inquiétudes vous m’avez données !

— Comment, Katel, est-ce que je ne t’avais pas